J’ai interrogé la Ministre de l’Enseignement supérieur sur le bien fondé des mesures prises pour les études de médecine.
La nouvelle organisation semble encore plus floue que la précédente, sans garantir davantage de places pour les nouveaux étudiants et ceux qui peuvent redoubler. Le redoublement n’est pas une tare et dans ce contexte d’apprentissage compliqué, il faut permettre la deuxième chance.
Enfin, sans moyens supplémentaires, les universités ne peuvent pas former les soignants de demain.
Mme Cathy Apourceau-Poly appelle l’attention de Mme la ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation sur la situation des étudiants en médecine dans le cadre de la réforme de la première année. En effet, alors que le numerus clausus si décrié a été abandonné, les conditions actuelles d’entrée dans les études de médecine ne permettent pas de former plus de médecins, tandis que les mécanismes à l’uvre apparaissent comme brouillons et injustes. Ainsi, alors que l’année 2021 est l’année de transition entre les deux systèmes, 52 % des places sont réservées aux doublants de l’an dernier, tandis que le redoublement est exclu pour les primo-entrants qui dénoncent une injustice face à l’examen, dans un contexte d’études absolument catastrophique du fait de la crise du Covid-19. De même, le système entre parcours d’accès spécifique à la santé (PASS) et licence option accès santé (LAS), censé simplifier l’accès aux études de médecine est finalement moins clair que la première année commune aux études de santé (PACES), et crée une tension morale inouïe pour les étudiants. Les études de médecine deviennent alors un pari pour lequel la préparation, l’excellence et la vocation ne suffisent plus, puisqu’il est nécessaire d’anticiper les bons choix à faire dans un cadre mouvant. Pire encore, les étudiants qui échoueraient, privés du droit au doublement, se retrouveraient dans le circuit Parcoursup dont on connaît déjà l’efficacité douteuse. Le passage du numerus clausus au numerus apertus n’est qu’un changement sémantique si les universités n’ont pas les moyens humains de former davantage de soignants demain. Notre pays fait déjà face à un manque de praticiens, il est indispensable de permettre à nos futurs soignants d’être forés dans les meilleurs conditions et de garantir la justice républicaine devant le concours. Face à ce qui apparaît comme une réforme incomplète et inadaptée, elle l’interroge sur la possibilité d’augmenter significativement le nombre de places en deuxième année.
Question écrite n°21746 de Cathy Apourceau-Poly à la Ministre de l’enseignement supérieur, publiée au Journal Officiel le 25/03/2021.