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Hommage aux militants fusillés dans la Somme

Retrouvez ici le discours de Cathy Apourceau-Poly lors de l’hommage rendu à Jean Catelas, le 23 septembre. Jean Catelas était député communiste de la Somme. Il a été fusillé incarcéré par les autorités Vichystes avant d’être fusillé sur demande de l’occupant, comme ses camarades.

La vidéo est à retrouver sur la page facebook des communistes de la Somme en cliquant ici.

 

 » Mesdames, Messieurs,

Chers Amis, Chers Camarades,

 

C’est une fierté pour moi d’être parmi vous pour commémorer la mémoire de nos camarades tombés pour fait de Résistance. C’est également une fierté de voir que nous sommes si nombreux à nous souvenir et à nous rassembler.

Le sacrifice de ces camarades pour défendre leurs idées, pour défendre le pays face aux fascistes quels qu’ils soient, en a fait des héros. Le fait que nous soyons rassemblés pour le 77ème anniversaire de la mort de Jean Catelas et de ses camarades en fait des légendes.

Chaque année, vous rendez hommage à l’appel du PCF, à ceux qui ont donnés leurs vies pour que nous puissions vivre libres, pour l’avènement d’un monde meilleur pour ceux qu’ils aimaient, alors même qu’ils savaient que leurs heures étaient comptées : Jean Petit, les 4 Lemaire, les Martyrs de la stèle Noyon- Saint Acheul, Raymond Gourdain et Jean Catelas.

Comme pour Guy Moquet et les 23 de Chateaubriant, c’est le gouvernement Français qui, avant même l’invasion hitlérienne, a interdit le PCF et pourchassé ses membres

Devant cette stèle vous vous rassemblez pour rendre hommage à Jean Catelas, guillotiné le 24 Septembre 1941 sur ordre des autorités françaises, complices des nazis hitlériens, et particulièrement zélées dans la chasse aux communistes. Comme pour Guy Moquet et les 23 de Chateaubriant, c’est le gouvernement Français qui, avant même l’invasion hitlérienne, a interdit le PCF et pourchassé ses membres, et au premier rang les élus du peuple, les meneurs, les députés ouvriers.

Comme nombre de ses camarades, Jean Catelas a vécu l’horreur des tranchées, la barbarie de la mort pour le bénéfice des industriels et des banques, l’ineptie de quatre années d’enfer. Ancien combattant, il devient un partisan de la paix, de l’amitié entre les peuples et est convaincu de la nécessité de faire « la guerre à la guerre ».

C’est en ce sens qu’il adhère à l’Association Républicaine Anciens Combattants crée par des hommes de convictions Henri Barbusse, Lefevre, l’ouvrier Georges Bruyère, Paul Vaillant Couturier, Jean et Jacques Duclos.

Dans le même mouvement, il s’engage pleinement dans les batailles menées par le jeune Parti Communiste Français dès 1921, contre l’exploitation de ceux qui vivent de leur travail, contre la montée du fascisme, pour la paix et pour que chacun ait droit au bonheur.

Cheminot, il est un syndicaliste actif, engagé dans la construction de l’unité pour des revendications qui gardent malheureusement toute leur actualité dans le monde actuel : « le pain, la paix, la liberté ».

Militant convaincu et convaincant, Jean Catelas devient député de la Somme en 1936 et participe aux grandes conquêtes sociales du Front Populaire.

L’engagement pour l’Espagne :

Pacifiste acharné, il agit pour soutenir les Républicains espagnols dans la première guerre fasciste contre la liberté et la démocratie, la première agression contre une république démocratique. Avec Paul Vaillant-Couturier, lui aussi député communiste, il s’engage à fond dans l’organisation des brigades internationales et sera dans les premiers à partir. Il sera sur le front de l’Ebre pour préparer l’attaque des volontaires Français, et dans les Ministères à Paris pour obtenir le soutien Français à l’armement des Républicains.

Lorsque la deuxième guerre mondiale éclate, il est de ces députés communistes qui ont ouvert le chemin de l’honneur. Il entre dans la clandestinité, après l’interdiction du Parti communiste le 26 septembre 1939. Il est l’un des rares députés communistes à échapper aux arrestations du début octobre 1939, la plupart de ses camarades étant les premières victimes des sinistres camps d’internements français, 9 mois avant la conquête allemande…

Il est déchu de son mandat le 21 janvier 1940 et condamné par contumace le 3 avril 1940 à 5 ans de prison. Dans le même temps, en octobre 1939, Jean Catelas participe à la réorganisation clandestine des syndicats de cheminots d’obédience communiste, dissous en septembre 1939. En juillet 1940 il préside à Clichy une réunion de la direction clandestine du P.C.F. et organise la mise en œuvre de comités populaires. Il exerce également des responsabilités au quotidien communiste L’Humanité, interdit par le gouvernement et publié clandestinement ainsi qu’à l’hebdomadaire, Le Travailleur de la Somme, lui aussi interdit.

N’oublions jamais que les futurs collaborateurs de l’occupant nazi, avant même la capitulation signée par Pétain, étaient déjà occupés à traquer les communistes et les militants des organisations démocratiques.

Résister à l’occupant, Français ou étranger :

La Résistance s’est donc faite contre l’occupant, mais avant même la chute de la Troisième République, contre les autorités Françaises elles-mêmes, ce qu’il est important de rappeler à tous ceux qui remettent en doute l’investissement des communistes dès les débuts de la Résistance.

Les fascistes Français et Allemands ne s’y sont pas trompés, qui, après la mise hors la loi du PCF, de l’ARAC et d’autres associations démocratiques, ont jeté nos camarades dans les camps, puis dans les prisons, avant de les fusiller ou de les décapiter, tel notre camarade Jean Catelas le 24 Septembre 1941.

Par sa vie, son combat, Jean est un symbole. Le commémorer, commémorer tous les camarades tombés à ses côtés, pour leurs idées, pour leurs luttes, pour leur rêve d’un monde plus juste, en paix, est un devoir pour chacun d’entre nous.

Il ne s’agit pas de créer des figures saintes du communisme dans la Somme, mais d’avoir toujours en tête ce qu’être communiste signifie vraiment.

La camaraderie, la fraternité de ceux qui souffrent, qui sont exploités, forgée au creuset des luttes. Un rêve commun : libérer les exploités de leurs chaînes et assurer la justice sociale dans le monde entier. L’engagement total de chacun d’entre nous pour faire vivre ce rêve de fraternité entre les travailleurs du monde entier.

L’anti communisme et le révisionnisme ne sont pas morts. Pour preuve, depuis plusieurs années maintenant, en Pologne, le souvenir de la résistance est piétiné par un processus dit de « décommunisation ». Certaines municipalités débaptisent des rues portant les noms d’illustres militants ayants pris les armes pour libérer notre pays de l’occupation nazie.

Leur but ? Vider les espaces publics de toutes références aux personnes, organisations, événements qui symbolisent le communisme pour effacer de la mémoire collective les indéniables avancées sociales dont la Pologne populaire a été porteuse. Les militants communistes polonais sont régulièrement menacés de prison. Mon ami et maire d’Auby dans le Nord, Freddy Kaczmarek, se bat lui, pour maintenir cette mémoire entre nos deux pays avec de nombreux militants communistes Français et Polonais.

Oui, l’histoire est un enjeu de lutte et certains aimeraient en effacer ou en réécrire certaines pages. Des pages, il en faudrait de nombreuses pour résumer la vie de Jean Catelas. Un livre ne suffirait pas.

L’occupant et les collaborateurs ont été chassés, le PCF, la CGT et les forces progressistes ont utilisé leur poids pour arracher de nouvelles conquêtes sociales : Sécurité Sociale, Nationalisations, statut du mineur, etc.

Mais la roue de l’histoire ne s’arrête jamais. Ces mêmes conquêtes sociales issues de la Libération sont aujourd’hui en jeu, les forces fascistes montent partout en Europe, l’Europe de la Paix est devenue l’Europe des Industriels et des Banques.

Le combat communiste est donc plus que jamais d’actualité. Partout, dans les territoires, dans les entreprises, dans les institutions, nous sommes présents pour porter les combats incarnés hier par Jean Catelas et ses camarades.

Hier, aujourd’hui, demain, résister est un verbe qui se conjugue à tous les temps.

Sénatrice depuis le mois de juillet, j’ai l’honneur de pouvoir défendre jusqu’aux sommets de l’État la santé, les services publics, les droits des citoyens. Militante du Pas-de-Calais depuis quelques années, aux côtés d’Hervé Poly et de Jacky Hénin, je partage la ferveur de nos camarades résistants pour le peuple de travailleurs de notre région.

Notre présence ici est un hommage vis-à-vis d’eux, c’est aussi un acte fort d’engagement pour demain. Comme tous les ans, nous étions dimanche passé à la citadelle d’Arras, au Mur des Fusillés, où 218 résistants ont été exécutés, issus en majorité des rangs du parti communiste, ouvriers pour la plupart. 140 d’entre eux étaient mineurs, les autres cheminots, ouvriers, etc.

Toutes ces valeurs humaines ont été portées à un stade nouveau de modernité et de nécessité absolue dans le monde contemporain par des hommes comme Jean Catelas. Nous en sommes les héritiers. Hier, aujourd’hui, demain, résister est un verbe qui se conjugue à tous les temps. »